法语阅读:追忆似水年华73
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Et maintenant, à mon second retour à Paris, j'avais re u dès le lendemain de mon arrivée, une nouvelle lettre de Gilberte, qui sans doute avait oublié celle, ou du moins le sens de celle que j'ai rapportée, car son départ de Paris à la fin de 1914 y était représenté rétrospectivement d'une manière assez différente. Vous ne savez peut-être pas, mon cher ami, me disait-elle, que voilà bient t deux ans que je suis à Tansonville. J'y suis arrivée en même temps que les Allemands. Tout le monde avait voulu m'empêcher de partir. On me traitait de folle. – Comment, me disait-on, vous êtes en s reté à Paris et vous partez pour ces régions envahies, juste au moment où tout le monde cherche à s'en échapper. – Je ne méconnaissais pas tout ce que ce raisonnement avait de juste. Mais, que voulez-vous, je n'ai qu'une seule qualité, je ne suis pas lache, ou, si vous aimez mieux, je suis fidèle, et quand j'ai su mon cher Tansonville menacé, je n'ai pas voulu que notre vieux régisseur restat seul à le défendre. Il m'a semblé que ma place était à ses c tés. Et c'est, du reste, grace à cette résolution que j'ai pu sauver à peu près le chateau – quand tous les autres dans le voisinage, abandonnés par leurs propriétaires affolés, ont été presque tous détruits de fond en comble – et non seulement le chateau, mais les précieuses collections auxquelles mon cher Papa tenait tant. En un mot, Gilberte était persuadée maintenant qu'elle n'était pas allée à Tansonville, comme elle me l'avait écrit en 1914, pour fuir les Allemands et pour être à l'abri, mais au contraire pour les rencontrer et défendre contre eux son chateau. Ils n'étaient pas restés à Tansonville, d'ailleurs, mais elle n'avait plus cessé d'avoir chez elle un va-et-vient constant de militaires qui dépassait de beaucoup celui qui tirait les larmes à Fran oise dans la rue de Combray, et de mener, comme elle disait cette fois en toute vérité, la vie du front. Aussi parlait-on dans les journaux avec les plus grands éloges de son admirable conduite et il était question de la décorer. La fin de sa lettre était entièrement exacte. Vous n'avez pas idée de ce que c'est que cette guerre, mon cher ami, et de l'importance qu'y prend une route, un pont, une hauteur. Que de fois j'ai pensé à vous, aux promenades, grace à vous rendues délicieuses, que nous faisions ensemble dans tout ce pays aujourd'hui ravagé, alors que d'immenses combats se livrent pour la possession de tel chemin, de tel coteau que vous aimiez, où nous sommes allés si souvent ensemble. Probablement vous comme moi, vous ne vous imaginiez pas que l'obscur Roussainville et l'assommant Méséglise, d'où on nous portait nos lettres, et où on était allé chercher le docteur quand vous avez été souffrant, seraient jamais des endroits célèbres. Eh bien, mon cher ami, ils sont à jamais entrés dans la gloire au même titre qu'Austerlitz ou Valmy. La bataille de Méséglise a duré plus de huit mois, les Allemands y ont perdu plus de cent mille hommes, ils ont détruit Méséglise, mais ils ne l'ont pas pris. Le petit chemin que vous aimiez tant, que nous appelions le raidillon aux aubépines et où vous prétendez que vous êtes tombé dans votre enfance amoureux de moi, alors que je vous assure en toute vérité que c'était moi qui étais amoureuse de vous, je ne peux pas vous dire l'importance qu'il a prise. L'immense champ de blé auquel il aboutit, c'est la fameuse cote 307 dont vous avez d voir le nom revenir si souvent dans les communiqués. Les Fran ais ont fait sauter le petit pont sur la Vivonne qui, disiez-vous, ne vous rappelait pas votre enfance autant que vous l'auriez voulu, les Allemands en ont jeté d'autres ; pendant un an et demi ils ont eu une moitié de Combray et les Fran ais l'autre moitié.
Le lendemain du jour où j'avais re u cette lettre, c'est-à-dire l'avant-veille de celui où, cheminant dans l'obscurité, j'entendais sonner le bruit de mes pas, tout en remachant tous ces souvenirs, Saint-Loup venu du front, sur le point d'y retourner, m'avait fait une visite de quelques secondes seulement, dont l'annonce seule m'avait violemment ému. Fran oise avait d'abord voulu se précipiter sur lui, espérant qu'il pourrait faire réformer le timide gar on boucher, dont, dans un an, la classe allait partir. Mais elle fut arrêtée elle-même en pensant à l'inutilité de cette démarche, car depuis longtemps le timide tueur d'animaux avait changé de boucherie, et soit que la patronne de la n tre craign t de perdre notre clientèle, soit qu'elle f t de bonne foi, elle avait déclaré à Fran oise qu'elle ignorait où ce gar on, qui, d'ailleurs, ne ferait jamais un bon boucher , était employé. Fran oise avait bien cherché partout, mais Paris est grand, les boucheries nombreuses, et elle avait eu beau entrer dans un grand nombre, elle n'avait pu retrouver le jeune homme timide et sanglant.
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